INTERVIEW x MAY

L’évêque de Genève, Saint François de Sales déclarait “On a besoin de patience avec tout le monde, mais particulièrement avec soi-même”. Il semblerait que la créatrice de la marque MayKoncept ait appliqué cette devise en ayant l’audace de faire d’une passion, son métier. Rares sont ceux qui se décident à poursuivre leur rêves d’enfants : la jeune et fougueuse équipe d’URBAN STREET REPORTERS s’est entretenue avec un exemple à suivre.

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Maimouna TRAORE. Je suis dans la création de vêtements et la customisation notamment de baskets. Et je suis également éducatrice depuis des années auprès des jeunes. Sinon je suis mère de famille et j’ai trois enfants.

Où as-tu grandi ?

Dans le 93 (Seine Saint Denis) à l’Île Saint Denis jusqu’en 2007.

Quelles études as-tu fait ?

J’ai eu mon bac ensuite je suis allée la fac mais j’ai perdu un temps énorme même si j’ai fini avec une licence en Sciences de l’Education. Et il n’y a pas si longtemps que ça j’ai passé mon diplôme d’éducatrice spécialisée.

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Quel est le nom de ta marque et peux-tu nous en parler ?

Oui c’est “May koncept”. J’essaie d’amener les gens dans mon univers. C’est tout un concept il n’y a pas que la création mais aussi la transformation. Mon idée c’est de faire évoluer un vêtement et des accessoires. J’apporte une manière de consommer autrement. Parfois on a des trésors dans nos armoires et on les laisse de coté. Moi je propose de voir l’article différemment.

Quand as-tu commencé le stylisme ?

Depuis 2013 mais c’est un domaine qui m’a passionné depuis toute petite car je n’avais pas le choix. A l’époque je n’avais pas forcément les moyens de m’acheter des habits neufs. Et je n’osais pas demander à ma mère de l’argent pour ce genre de choses alors je customisais mes jeans levis troués.

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Par quoi sont rythmées tes journées de travail ?

La customisation de baskets, je parle de ça car c’est l’exemple le plus parlant, j’essaie d’abord de trouver le tissu adéquate. Après je prépare la chaussure ensuite ça reste secret (rires).

En moyenne ça te prend combien de temps une customisation ?

Ça dépend de l’article. Car il y a une différence entre la création et la customisation. Pour la création il faut poser l’idée sur papier ensuite aller chercher les tissus. Moi je dessine et je vais chercher toutes les matières premières. En ce qui concerne la couture je laisse ça à un spécialiste. En moyenne ça me prend 3-4 jours. Après pour une customisation de baskets ça peut durer 2 heures. Mais quand on aime ce qu’on fait le temps a peu d’importance.

Combien ça coûte pour customiser une chaussure ?

En moyenne 20 euros après ça dépend du temps que je mets pour travailler le vêtement.

As-tu souvent besoin de mannequin pour ta marque ?

Oui toujours car c’est pas moi qui vais poser devant l’objectif : je sais pas le faire. Et quand tu es dans ce milieu, il faut toujours avoir des mannequins sous la main.

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Avec quelle star as-tu travaillé ?

Avec moi (rires) … Honnêtement personne. Car je suis quelqu’un de street donc je préfère travailler avec des personnes de mon milieu.

Quelles sont tes inspirations ?

La rue. Ma première inspiration c’est le vintage. Il faut savoir que la mode est cyclique ce que vous portez on l’avait déjà à l’époque. Après c’est vraiment ce que les gens portent dans la rue.

Comment définirais-tu ton style ?

J’en ai pas vraiment, j’en change souvent. Je supporte pas d’être formater dans quelque chose.

Tes origines ?

Je suis malienne.

Est ce qu’on retrouve tes influences maliennes dans tes créations ?

Oui je travaille avec le wax (tissu traditionnel de l’Afrique subsaharienne). Récemment je suis allée là-bas et je voulais travailler d’autres types de tissus. Et j’ai eu un coup de cœur pour le tissu polman qui est utilisé lors des cérémonies religieuses de mariage.

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Ta vision des médias d’aujourd’hui ?

Il faut essayer d’être son propre média car ça va de mal en pis ! Certains surfent sur les peurs et cherchent à attiser la haine. Aujourd’hui je n’ai plus confiance en ces médias de masse.

Quels conseils peux tu donner aux jeunes ?

Oulala (rires) … Surtout ne rien lâcher ! Quand vous avez quelque chose de positif dans la tête ne vous arrêtez pas à ce qu’on va vous renvoyer. Et le plus important mettez vous une discipline ! Il faut être rigoureux.

Ton avis sur notre projet Urban Street Reporters ?

C’est super vraiment ! Je trouve votre initiative pas mal ! Je vous félicite car c’est rare qu’il y ait des jeunes de banlieue ou même de Paris qui se réunissent autour d’un projet commun. Le fait d’aller vers les autres n’est plus naturel de nos jours. Interpeller les gens pour un micro-trottoir c’est pas un exercice facile, il faut prendre sur soi. Votre projet c’est quelque chose de valorisant pour vous dans le futur. Je vous conseille de faire parler votre créativité. Surtout ne pas tomber face à l’échec.

Portes-tu tes propres créations ?

La paire de chaussures que je porte actuellement. Généralement, c’est uniquement les baskets.11145227_10205540592289666_4696744050408246959_n

Ou peut-on retrouver tes créations ?

Sur mon site http://www.maykoncept.com

Quelles sont tes projets d’avenir ?

Faire évoluer ma marque et créer une association avec des jeunes en faisant parler leur créativité à travers différents ateliers.

Tes parents ont-ils toujours soutenu tes choix professionnels ?

Oui toujours. Moi j’ai commencé sur le tard. En fait je me mettais moi-même des barrières. Ma mère m’a toujours encouragée à me diriger vers le stylisme. Récemment elle m’a dit qu’elle était fière de moi et à 39 ans ça encourage.


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L’équipe d’Urban Street Reporters avec la styliste May.

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2 Comments

  1. DEMBELE Madoussou Reply

    Croire en ses rêves.
    Admirative de ton ambition.
    Ça fait plaisir de voir l’Afrique oser l’entreprenariat.

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