Au départ médiateur social, J.M plus connu sous le nom de Linstable a fait de la photographie de rue un outil pour comprendre et expliquer certains problèmes sociaux.
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Au départ une simple passion, c’est en 2011 que JM se lance dans la photographie alors qu’il travaille dans un centre social de Créteil dans la cité des Sablières. Loin des mises en scènes et des stéréotypes, les photos de Linstable se veulent percutantes et objectives. Mais le photographe ne se contente pas uniquement de faire de beaux clichés. Derrière le côté esthétique, chaque projet est le résultat d’un long processus, et chaque photo a une histoire. Il raconte : « Ma passion est née au sein d’un quartier populaire, si je fais de la photographie, elle doit servir, même s’il n’y a pas le côté financier ».
« J’ai tissé des liens presque fraternels avec ces mômes »
Le Petit prince
C’est d’abord les enfants que JM commence à shooter en bas des blocs de la Cité des Sablières. Entre l’innocence et la vivacité des gamins, le photographe amoureux de la spontanéité ne pouvait espérer mieux pour faire de belles photos. De plus, sa relation avec ces derniers va au-delà d’un simple cliché, il explique : « J’ai tissé des liens presque fraternels avec ces mômes. Du “petit curieux” en passant par “la petite souris”, ce travail photographique s’est achevé avec un cliché que j’ai intitulé “Le petit prince ». Cette relation de confiance permet même aux enfants de se familiariser avec l’appareil photo de JM. Qui sait, ça pourrait peut-être susciter des vocations.
Mais Linstable veut surtout que les enfants se familiarisent avec eux-même à travers leurs images. Il veut aussi qu’ils apprennent à avoir confiance en eux afin de briser certaines barrières liées à leurs conditions sociales. « Le message est clair : Le monde est à vous, croquez-le à pleines dents et donnez vie à vos rêves car l’avenir vous appartient. »
« Si je voulais être objectif sur mon travail dans les quartiers populaires, il fallait que j’aille au bout de ma démarche. »
Pour JM, lorsqu’on appui sur l’appareil, il y a un impact, et le photographe doit en avoir conscience. A bientôt 40 ans, le photographe humaniste insiste sur ce point. « Lorsque l’on appuie sur le déclencheur pour prendre une photo, il faut d’abord se poser la question de pourquoi on le fait ». Son travail photographique au sein des quartiers populaires est jusqu’au-boutiste « Si je voulais être objectif sur mon travail dans les quartiers populaires, il fallait que j’aille au bout de ma démarche. Je voulais mettre en lumière et de manière la plus objective qu’il soit, celles et ceux qu’on laisse trop souvent dans l’ombre. Il me fallait tenter de déconstruire certains fantasmes allant malheureusement souvent de pair avec les préjugés les plus odieux. » En prenant en photo les jeunes en bas des blocs, Linstable veut essayer de les conscientiser et de se confronter à l’image qu’ils renvoient. Il s’explique : « je veux notamment qu’ils prennent conscience que derrière les murs de la cité, il y a une vie sociale ». C’est pourquoi le photographe fait aussi un travail de sensibilisation auprès de ces jeunes en les conseillant en tant que « grand frère », anciennement médiateur social, et en les orientant vers différentes structures d’accompagnements.
« J’ai ressenti le besoin de figer ces instants de vie. Loin de moi l’idée d‘incriminer uniquement les politiques qui se succèdent. Faire le reportage photographique « A l’ombre des tours » était aussi une manière d’amener chacun d’entre nous, (ces jeunes et nous autres) à réfléchir sur notre condition d’être humain et d’endosser notre part de responsabilité. Si certaines photos sont dures, il faut se dire qu’elles sont le reflet d’une partie de notre société que l’on occulte de plus en plus. Ces jeunes existent, ils sont parfois cachés mais ils font partis de notre société. »
Linstable ne cherche pas à travailler dans un confort, au contraire. Pour ce projet,( A l’ombre des tours), il a tenu à faire des photos dans un quartier (L’Echat, à Créteil) dans lequel il ne connaissait pas les jeunes.
Le défi était d’abord de créer du lien social tout en instaurant une relation de confiance. « J’avais besoin de me confronter à nouveau à l’inconnu, de créer du lien et que l’on apprenne mutuellement à se connaitre. »
A l’ombre des tours
« Pour moi, la photographie est une action Citoyenne »
Avant de commencer à prendre les sans-abri en photo, Linstable, a commencé par faire des maraudes. La photographie est devenue pour lui un outil pour amorcer la discussion avec les plus démunis. Et comme pour lui il n’est pas question de se faire de l’argent sur le dos des sans-abri, l’intégralité des photos de SDF est reversée « au peuple de la rue » sous forme de dons alimentaires.
Parmi ses nombreuse rencontres, Linstable évoque l’histoire d’un sans-abri qui à fuit les Balkans pour la France : « C’est un homme qui a dû fuir son pays en laissant sa femme et son enfant parce qu’il s’est converti à l’islam. Il voudrait rentrer mais il ne peut pas ou plus. Il m’a confié qu’il cessera de raccommoder ses chaussures le jour où les conflits dans son pays cesseront et qu’il pourra enfin rentrer. C’est sa façon spirituelle de se battre, c’est sa marche, sa très longue marche. »
La Marche
Aujourd’hui, JM veut aller plus loin dans l’accompagnement des sans-abri grâce à l’association « La relève de Coluche » qu’il soutient. Ensemble, ils souhaiteraient aider entre autre certains sans-abris endettés en mettant en place des cagnottes ou encore en accompagnant d’autres dans leur démarche administrative.
Pour voir le site internet de Linstable, c’est par là => linstablephoto.fr et pour le suivre sur Facebook, cliquez ici
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