Photo d’illustration © Lidiana Semedo
Les réseaux sociaux sont le prolongement de la main de la génération Z qui les utilise pour échanger, se réunir et parfois même pour mettre une révolution en place. Mais lorsque les réseaux sociaux sont mal utilisés, ils deviennent une source de mal-être pour les personnes vulnérables, en l’occurrence les jeunes. Les réseaux sociaux les poussent à la dépression, aux complexes et au regard critique sur leurs corps.
“C’est plus facile d’avoir un beau corps.”
16 h 15. Assiya scrute son écran, à l’affût du moindre commentaire suite à sa dernière story Instagram. À 16 ans, elle maîtrise parfaitement les réseaux sociaux, au point de s’être constituée une petite communauté. Son objectif, pouvoir ressembler un jour à son influenceuse préférée. « Leana est parfaite. Même si je sais qu’en réalité Leana ne ressemble pas totalement aux photos qu’elle poste. » Pourtant, consciente que les célébrités ne publient que la partie enjolivée de l’iceberg et un quotidien parfois utopique. Assiya n’hésite pas à tricher « j’utilise des filtres par habitude, mais aussi, pour affiner mon visage et mon nez. Je mets un filtre aussi pour blanchir mes dents, tout le monde le fait, c’est juste pour ne pas me faire critiquer. » Comme le révèle un sondage réalisé par Edelman pour Dove. Près des trois quarts des jeunes filles (71 %) modifient ou dissimulent une partie de leur corps avant de poster un selfie sur les réseaux sociaux. Assiya poursuit « on ne va pas se mentir, c’est plus facile au quotidien et sur les réseaux sociaux d’avoir un beau corps. » Si son témoignage a de quoi interpeller, il correspond pourtant à des comportements bien enracinés chez les jeunes. Ces comportements sont les conséquences des réseaux sociaux sur l’estime de soi chez les filles de 15 à 25 ans. Ces standards visent à promouvoir un archétype féminin, hanches développées, taille fine, poitrine généreuse, des fesses rebondies et peau bronzée. Tout cela dans un même corps, sans vergetures bien sûr. Tout le contraire d’un corps naturellement constitué. Les célébrités deviennent, elles aussi, victimes de leurs diktats.
L’engrenage du like
Malgré ce fléau grandissant, de plus en plus de personnes influentes mettent en place des initiatives qui consistent à se montrer au naturel et à exposer ses complexes pour briser cette image standardisée de la femme. Malheureusement, ces différentes actions sur les réseaux sociaux ne masquent pas les complexes et le mal-être des jeunes filles. « Quand je poste une story, je la regarde plus 16 fois pour voir les vues et réactions. S’il n’y a pas de réaction, cela veut dire que je ne suis pas belle. Je supprime la story et me remets en question » constate la jeune fille. L’engrenage du like déclenche le complexe inconscient de l’approbation de l’extérieur. Elle analyse « nous sommes dans une société d’hypocrites, quand je postais des vidéos de moi, je faisais 900 vues et maintenant que je poste des citations, etc. Mon nombre de vues a chuté à 200. Ce qui pousse la femme à montrer son corps pour exister. » Le cercle vicieux des réseaux sociaux favorise une auto-dévaluation et une création ou amplification de complexes. D’ailleurs, certains influenceurs lançaient dans la course du corps parfait, n’hésitent pas à créer des complexes chez leurs followers afin de mieux vendre leurs “produits miracles.” Par exemple, l’influenceuse Sarah Fraisou qui comptabilise 2,2 millions d’abonnés sur son compte Instagram, a provoqué la colère des internautes en vendant des capsules pour resserrer le vagin.
Qu’en pensent les experts ?
Certains psychologues sociaux ont constaté une augmentation de l’anxiété et de la dépression chez les jeunes adolescents à cause des effets néfastes des réseaux sociaux sur leur estime de soi. Les réseaux sociaux et plus précisément Instagram, le réseau social le plus utilisé par les jeunes avec 82 % en 2021, poussent vers l’éternelle insatisfaction où le fait d’être normal est devenu une fatalité. Pourquoi les hommes, semblent-ils moins victimes de ces standards ?
Par Manel Benamara
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