Jeune, beau, talentueux et intelligent. Noé c’était le genre de mec qui avait tout pour lui. Sensible à ceux qui l’entourent, peux-être trop, il a préféré mettre fin à ses jours le 29/02/2016. Urban Street Reporters a souhaité rendre hommage à cette belle âme à travers ses toiles et le regard de son ami d’enfance, Saïd EL BOUNDATI.
D’OÙ VENAIT NOE ET COMMENT A-T-IL COMMENCÉ AVEC LE STREET ART ?
Noé est né à Saint-Germain-en Laye puis il a vécu à Lille.
J’imagine que ce sont d’ailleurs les murs des voies ferrés de la région parisienne qui lui ont inspiré le graffe. Il est très vite passé du support papier aux murs. Il faisait même partie d’un crew qui s’appelait « OP CREW ».
« NOE »
OÙ VOUS ÊTES-VOUS RENCONTRÉS ?
Je m’en souviens comme si c’était hier. J’ai vu un grand blond arriver dans la salle de sport de Marcq-en-Barœul (région Hauts-de-France) alors que je m’entraînais. Noé est venu naturellement vers le groupe. C’est alors que nous nous sommes mis à discuter de tout et de rien comme si nous étions de vieux amis qui se retrouvaient après plusieurs années. Cette ouverture d’esprit, cette gentillesse, cette bonté et cette intelligence qu’il exprimait, tout cela m’a tout de suite plu.
DEPUIS COMBIEN DE TEMPS CONNAISSAIS-TU NOÉ ?
Je connaissais Noé depuis une dizaine d’années. Nous étions aussi inséparables. Durant toutes ces années, Noé a été mon seul et véritable ami. Nous étions comme ces atomes qui exercent l’un envers l’autre des forces attractives. Deux atomes d’une même molécule. Quand l’un de nous s’absentait, l’autre le ressentait naturellement, chacun dépourvu d’une moitié.
J’ai toujours été subjugué par cette grande intelligence dont il était doté. Je le consultais vraiment pour tout. C’était une oreille attentive. Je me demandais comment en une fraction de seconde son cerveau pouvait bien emmagasiner autant d’informations. Il anticipait les conséquences afin de faire les bons choix.
PEUX-TU DÉCRIRE NOÉ SELON TES SOUVENIRS ?
C’était un homme unique, hors du commun, qui a eu un parcours atypique. C’était un artiste. Il aspirait à autre chose que ce à quoi la société le destinait. Il bouillonnait d’idées, vivait ses passions et croquait la vie à pleines dents. Noé était quelqu’un qui ne s’encombrait pas de préjugés et de mauvais esprit vis-à-vis des autres. Il acceptait chaque personne dans son unicité. C’était un acharné de la vie, il vivait ses passions à cent à l’heure et les partageait avec ceux qu’il aimait.
Il ne faisait rien à moitié, il était toujours déterminé à faire ce qu’il croyait juste et se donner à fond pour réaliser ses projets cela faisait de lui quelqu’un d’unique, un mec « space » mais qu’on aimait car il n’a jamais été méchant.
C’était un homme cultivé et entier qui ne portait pas de jugement envers les autres.
SA PLUS BELLE QUALITÉ ?
Des qualités, il en avait tellement, c’était un homme tolérant qui savait mettre des couleurs dans la vie. Il ne mentait que pour dire aux filles au physique hasardeux qu’elles étaient très belles ! (rires)
Il vivait selon ses propres règles, libre d’esprit.
POURQUOI CE CHOIX DE S’EXPRIMER PAR L’ART ?
« Ce n’est pas l’histoire, mais l’art qui exprime la vraie vie” disait Nietzsche.
Noé était un être sensible qui exprimait ses sentiments, ses émotions par la peinture depuis son tout jeune âge.
Il avait un don pour la peinture. Ses toiles étaient uniques.
Parce qu’il était libre ! L’art n’avait pas de limite pour lui. Il ne se limitait pas non plus dans le choix de ses supports et de ses instruments : mur, toile, papier, crayon, bombes, marqueur peinture, acrylique, posca, stylo bille ! C’était quelque chose de très naturel et facile pour lui et ça lui était nécessaire. Je ne sais pas si c’était vraiment un choix de s’exprimer par l’art, je dirais qu’il s’agissait plus d’un besoin.
L’art était une partie de lui…
QUEL ÉTAIT SON RAPPORT AVEC LA CULTURE URBAINE ?
Il incarnait la culture urbaine par son style, ses graffes, la musique hip-hop et le sport qu’il pratiquait mais il ne se limitait pas à un style.
AVAIT-IL D’AUTRES PASSIONS QUE LE STREET ART ?
Noé était un passionné de la vie, il s’intéressait à beaucoup de choses. Il était très ouvert. Le cinéma était aussi une de ses passions. Il avait d’ailleurs choisi cette option au lycée. Il aimait beaucoup lire également. C’était un touche-à-tout, il écrivait, il s’était essayé à la photo et même à la guitare.
A-T-IL SUIVI UNE FORMATION PARTICULIÈRE ?
C’était un « self made man ». Même s’il a fréquenté les beaux-arts de Tourcoing, je le vois comme un autodidacte.
EN MOYENNE COMBIEN DE TEMPS CONSACRAIT-IL À SA PASSION ?
Cela dépendait s’il travaillait sur une œuvre ou plusieurs comme la plupart du temps. Il lui arrivait de passer quelques jours sans dessiner par période mais sinon il dessinait quasiment chaque jour. Sur sa table, il y avait toujours des nouveaux dessins.
QUEL ÉTAIT LE MESSAGE DE SES ŒUVRES ?
« Galacktikos » par Noe
Je n’ai pas le sentiment qu’il y ait eu un message commun parmi toutes ses œuvres. Il n’utilisait pas l’art au service de quelque chose, il dessinait ou peignait son monde, selon son état d’esprit.
L’idée principale était de partager son univers.
QUELLES ÉTAIENT SES INSPIRATIONS ?
Ses inspirations étaient variées : des rencontres, sa famille, sa grande sœur, ses amis. Tout ce qui l’entourait. Ses voyages, des paysages, ou des objets.
Il aimait beaucoup regarder le ciel, les étoiles aussi et tout ce qui est « cosmique » comme il disait. Parfois aussi, il était inspiré par des émotions très profondes et très personnelles. Certaines de ses œuvres sont très intimes.
Et puis quelque fois, un simple mot ou une simple couleur devenait son idée de base pour peindre une œuvre.
« Errant au bord de l’eau »
QUELLE IMAGE RETIENS-TU DE SON VÉCU ?
Je ne garde que de très bons souvenirs. Noé était déterminé, ça n’a pas toujours été facile pour lui mais il a du se battre pour avancer. Il était plus ou moins difficile à suivre car il faisait plein de choses mais il gardait du temps pour les autres. Malgré son caractère parfois électrique, il avait un grand cœur.
AS-TU UN OU PLUSIEURS SOUVENIRS QUE TU VOUDRAIS PARTAGER AVEC NOS JEUNES REPORTERS ?
J’ai tant de souvenirs avec Noé, ce sont des trésors ! Si je devais en livrer un seul, ce serait celui-ci.
Je me souviens d’une fois où on a dessiné ensemble. Moi je ne sais pas dessiner. « Tout le monde sait dessiner » a-t-il dit. Il disait que tout le monde pouvait créer quelque chose avec des couleurs. J’ai dessiné pour passer du temps et lui faire plaisir, j’étais mal à l’aise au début et puis j’ai arrêté et je l’ai regardé faire. Je ne voyais pas ce qu’il dessinait car on était chacun de part et d’autre d’un pupitre. Je le regardais simplement se concentrer, passer d’une couleur à l’autre. Alors j’ai décidé de faire pareil… j’ai commencé à m’amuser, à ne plus réfléchir. A la fin, il a pris mon dessin, il m’a dit que ça ne pouvait jamais être si mal parce que dans tous les cas c’était mon œuvre. Que je l’avais faîte selon mon intuition et que donc tout le monde savait dessiner. Puis il a pris mon dessin et l’a amélioré. Forcément !
Quel message Noe aurait-il transmit à nos jeunes lecteurs, notamment ceux qui aspirent à se lancer dans l’art ?
Etre authentique !
Etre ouvert, Noé était très doué mais il apprenait encore en s’entourant, en écoutant. Il était très humble et ouvert aux autres.
Noé était simple, il avait plusieurs blazes, notamment pour le graff’ mais la plupart du temps il signait ses œuvres simplement, comme un enfant « Noé ».
Et toi, un message à transmettre ?
Ne manquez aucune occasion de dire aux gens qui comptent pour vous que vous les aimez.
Je tiens à remercier du fond du cœur toutes les personnes qui ont été bienveillantes envers lui. Plus particulièrement, Laura Khiter qui comptait beaucoup pour lui.
Je voudrais terminer avec cette citation :
« Et nous ne sommes pas le plus injustes envers celui qui nous est antipathique, mais envers celui qui ne nous regarde en rien. Cependant, si tu as un ami qui souffre, sois un asile pour sa souffrance, mais en quelque sorte un lit dur, un lit de camp : c’est ainsi que tu lui seras le plus utile. Et si un ami te fait du mal, dis-lui : « Je te pardonne ce que tu m’as fait ; mais que tu te le sois fait à toi, — comment saurais-je pardonner cela ! » Ainsi parle tout grand amour : il surmonte même encore le pardon et la pitié. Il faut contenir son cœur ; car si on le laisse aller, combien vite on perd la tête ! Hélas, où fit-on sur la terre plus de folies que parmi ceux qui compatissent, et qu’est-ce qui fit plus de mal sur la terre que la folie de ceux qui compatissent ? Malheur à tous ceux qui aiment sans avoir une hauteur qui est au-dessus de leur pitié ! Ainsi me dit un jour le diable : « Dieu aussi a son enfer : c’est son amour pour les hommes. »
Friedrich NIETZSCHE
Vous pouvez retrouver les réalisations de Noe sur son site :
HTTP://WWW.NOETOILES.FR/
Noé ne faisait pas de distinctions entre les couleurs, les religions. A notre tour de te saluer, en souhaitant nos plus sincères condoléances à sa famille, à ses proches.
« Salut, salam, shalom »
C’est un honneur pour moi de pouvoir rendre un si bel hommage à mon ami Noé Sérieys. C’est comme s’il ne voulait pas être une réalité dans la vie des gens. Il était comme une apparition… Repose en paix mon ami #RIP. Un grand merci aux équipes de #UrbanStreetReporters
GROS soutiens a ces proches et sachez que ou il est aujourd’hui il repose en paix et ne se préoccupe de rien, je pense qu’il est fière de tout ce que vous avez fait pour lui ( hommage etc…..) et je pense qu’il est parti comme un ROI avec des valeurs et de convictions qui ont fait de lui le personnage de NOÉ avec une personnalité qui était aimé de tous et je pense qu’aujourd’hui il est bien ou il est et pense fortement a ses proches !
#RIP #Paix. #Repos
☁️❤️☁️❤️☁️❤️☁️❤️
très émue par ce témoignage poignant et à nouveau boulversée par la qualité et la puissance des oeuvres de Noé.
Frédérique Laillet
Beau témoignage, c’était une personne authentique et vrai. Aujourd’hui c’est un ange. Repose en paix Nono
Plus jamais nous ne verrons de nouvelles toiles, dessins ou fresques. Il était la couleur, il donnait vie aux formes, il modelait la lumière et les ombres, il faisait danser ses pinceaux et faisait jaillir la peinture sur les murs tristes de nos villes. Comme pour briser la monotonie qui nous est imposée et apporter un peu de rêve. On nous a souvent demandé de définir l’Art en 2 ou 3 copies doubles au lycée ou dans nos études, lui il n’a pas eu besoin de longs discours, il le faisait pour lui-même sans chichi, sans besoin de « prouver aux autres » car il était spontané. Pas de blabla, pas d’arguments limite commerciaux, juste une authenticité, la création dans sa forme la plus essentielle : s’exprimer.
Même si nous n’étions que de simple connaissances, le peu de temps que je l’ai connu m’a marqué. J’aurais dû comprendre bien dès choses. Cela me marque, je suis choquée. Les mots me manquent, je me demande encore pourquoi c’est arrivé…
Grosse pensée pour ces proches, tous les jours une pensée pour lui, que ce soit en voyant un graffiti dans la rue ou importe quoi d’autre… J’espère qu’il est bien là où il est, qu’il repose en paix…
Merci Saïd pour ce bel hommage. Qu’il repose en paix. C’était un gars bien.
C’est beau , merci Said pour tout ce que as fait pour notre ami commun Noé. T’es un bon.
Noé en partant un page pour moi s’est tournée…. one love