« Vos absences », de Fatine El-Asri c’est le genre de livre que j’évite absolument de lire à côté des gens. Pourquoi ? Par ce que c’est certainement le roman le plus bouleversant que j’ai lu de toute ma petite vie de lecteur, et je n’ai jamais autant chialé en lisant un bouquin. Aujourd’hui, même en essayant de relire certains passages (dont les descriptions sont aussi précises que poignantes), mes yeux s’embuent de larmes.
Avec une écriture simple et claire, Fatine El-Asri arrive à aborder avec maitrise et une certaine facilité (j’ai l’impression) des thèmes cruciaux tel que la famille, les relations père-fille, la maladie, l’alcoolémie, la scolarité, le milieu carcérale et l’amitié. En plus de réussir à aborder tous ces thèmes en moins de 200 pages, j’ai vraiment été bluffé par le fait que l’auteure réussisse à créer un lien entre chacun de ces thèmes. Dit comme ça, on pourrait se dire que le livre sera décousu ou encore que certains thèmes ne seront abordés que brièvement. Mais croyez-moi, chaque thème est abordé de manière complète et suffisante.
« J’ai commencé à subir ma vie plutôt que de la vivre pleinement »
Dès les premières lignes, on sent que Leila est une battante, une fille mature, en avance sur son âge et qui a du caractère. Mais au fil de ma lecture, j’ai été encore plus surpris par sa force et sa détermination. Une détermination surement due à une vie familiale difficile…A 15 ans, quand on est ainée de deux petits frères et d’une petite sœur, qu’on a un père absent, violent et alcoolique quand il est présent et une mère battue, deux choix se posent devant nous : Subir sa vie ou se battre pour la vivre quitte à perdre. Je pense que très tôt, Leila a fait le choix de s’en sortir coûte que coûte, ou au moins d’essayer malgré les coups de crasses répétitives que la vie lui impose.
« Même si la vie est une chienne, je dois la vivre, je dois me battre contre elle et peut être qu’un jour je me battrai pour elle ; qui sait ? »
Souvent, l’instabilité familiale provoque la fragilité de l’enfant et le rend plus vulnérable qu’il ne l’est déjà, notamment dans les études. Mais dans le cas de Leila, c’est tout l’inverse. Plus la vie l’éprouve, plus elle se renforce. Malgré ce courage qui force l’admiration, notamment de Sara qui résume bien sa fille à la page 102, Leila est une fille pudique. Même si elle ne le dit pas explicitement, elle a une pudeur qui va au-delà du physique. Par exemple, elle ne veut pas qu’on parle d’elle ou de ce qu’elle ressent. Le fait que cela ne la mette pas forcement en colère, mais simplement dans une gêne profonde, j’ai compris qu’elle était très pudique. Cela la rendait plus bellle.
« Si tu penses que ta vie est dure, que tu es éprouvé, que tu vas lâcher, lis ce livre »
En plus d’une habilité narrative hors norme, j’ai été impressionné par la qualité des descriptions de Fatine El-Asri dans ce livre. Qu’elles soient violentes, tristes ou encore drôles, j’avais l’impression d’être un témoin direct des différents événements. Je ressentais les souffrances, les colères et les tristesses de Leila en moi. J’étais là, je regardais les scènes sans pour autant pouvoir aider et guider le personnage. Parfois je me retrouvais même à lui souffler « Non Leila ne fais pas ça ! » ou plutôt « fait ça ». Mais hélas, j’étais comme elle à certains moment, impuissant face à ce qui lui arrive, simplement guidé par l’auteure.
Selon moi chaque créateur met un peu de lui dans sa création. Alors, arrivé au bout de ce chef-œuvre littéraire, une question me taraude. Quelle est la part de Fatine El-Asri dans « Vos absence » et plus précisément dans Leila ?
Ibrahim Ben Saïd Camara
Etudiant en histoire à Paris 8, passionné de réalisation et de lecture chargé du projet USR.
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