A l’asso de nos quartiers

C’est officiel : l’acte II du quinquennat est lancé. Lors de son discours de politique générale devant l’Assemblée Nationale le 12 juin dernier, le 1er ministre, E. Philippe, a donné les principales orientations politiques des prochains mois. Pour les quartiers : pas de nouvelle, bonne nouvelle. Une confirmation toutefois. Le renforcement du dispositif des « quartiers de reconquête républicaine », annoncé en février dernier, où l’obsession d’aborder les quartiers populaires sous le prisme de la lutte contre l’insécurité. Rien de nouveau donc.

 


 

C’est le lendemain et hors de l’Hémicycle, à la Grande Halle de la Villette, qu’un 1er bilan en matière de politique de la ville a été dressé par J. Denormandie, ministre en charge de la Ville et du Logement. L’occasion pour lui de présenter la Grande équipe de la réussite républicaine en charge de poursuivre la mobilisation pour les habitants des quartiers populaires. Après le mea culpa du président de la République sur la suppression des contrats aidés, qui selon ses dires « a fait souffrir », la nouvelle équipe, réunissant toutes les composantes de la société civile, propose plusieurs mesures à destination du monde associatif, notamment la simplification « drastique » dans les demandes de subvention. Réduire les tâches administratives, souvent chronophages, pour recentrer le travail des associations vers leur mission principale : le terrain. A terme, elles pourront par ailleurs bénéficier de l’expertise de l’une des 44 associations lauréates de l’appel à manifestation d’intérêt « Tremplin asso ». Parmi celles-ci, on retrouve des structures comme Mozaïc RH, NQT, ou encore Sport dans la ville.

 

 

Véritables références dans leurs champs d’actions respectifs, cette distinction vient récompenser leur engagement pour les quartiers populaires et leur donne les moyens de déployer leur programme dans toute la France. Aux habituels comptes rendus financiers, elles devront être en mesure de présenter des critères qualitatifs et quantitatifs sur l’impact de leurs actions dans les nouveaux quartiers investis. Des associations installées donc avec des méthodes ayant fait leur preuve pour partager les bonnes pratiques avec celles de proximité. Un « mentorat associatif », dont les contours restent encore à déterminer, et qui pourrait faire germer en province des initiatives ambitieuses qui n’auraient rien à envier à celles qui fleurissent en banlieue parisienne. A condition d’envisager des solutions spécifiques à chaque quartier et collaborer avec celles et ceux qui font déjà bouger les lignes dans leurs territoires.

 


 

Si Paris n’est pas la banlieue, la banlieue parisienne n’est pas les quartiers de province.

 

 

 

L’erreur serait en effet de tomber dans le piège du « tout réplicable». D’autant que si Paris n’est pas la banlieue, la banlieue parisienne n’est pas les quartiers de province. On y retrouve les mêmes enjeux en matière d’emploi et d’éducation mais loin du rayonnement économique et culturel de Paris, le champ des possibles à l’action associative est structurellement plus réduit en province. Et pourtant ces territoires sont déjà en action et il faut saluer les initiatives menées par France 24 (Pas 2 Quartier), la Dictée Pour Tous (Association force des mixités) ou encore le Bondy Blog pour les mettre en lumière. Elles jouent un rôle de catalyseur dans le développement de projets innovants dans les quartiers et poussent à l’engagement celles et ceux qui pensent que chez eux « c’est mort » et qu’ils ne « peuvent rien ». S’interdire l’indifférence, car elle nous enlève notre « faculté d’indignation et l’engagement qui en est la conséquence » disait S.Hessel. Quant aux « expats’ », nous avons également notre rôle à jouer. Investissons dans nos quartiers d’origine, développons nos mécénats de compétences, rendons nous disponibles aux personnes qui se mobilisent ou qui souhaitent passer à l’action mais ne savent pas par où commencer. Devenons les traits d’union entre l’originalité de nos quartiers de province et la créativité de la banlieue parisienne afin de donner les meilleures perspectives d’avenir à notre jeunesse et célébrer ainsi sa réussite.

 

Ahmed AIT BEN DAOUD

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